Qui sommes-nous ?

Nous sommes, vous l'aurez compris, des militants de la cause du sérieux. Pour autant, l'humour ne nous est pas étranger. Nous pouvons même nous définir comme des semi-professionnels de l'humour. En effet, d'une part nous avons rejoint la rédaction d'un mensuel qui a fait de l'humour sa raison sociale, l'illustré " Fluide Glacial", et d'autre part nous nous adonnons de plus en plus régulièrement à des spectacles humoristiques de type café-théâtre, le tout contre rémunération.

Mais nous ne tenons pas à nous justifier sur l'enchaînement malheureux de circonstances qui a pu nous maintenir dans cette impasse. Nous demandons simplement à être, à présent, jugés sur nos actes, sans considération pour un mode de vie qui renforce avant tout notre crédibilité. Les errances de notre jeunesse sont le garant de notre lucidité. Aujourd'hui, au-delà de nos voix, nous exprimons aussi celles de bien des auteurs qui ne peuvent agir au grand jour, pour des raisons économiques, sociales et familiales que nous partageons.

Car cette expérience est en tous points douloureuse : nous avons découvert là-bas l'infinie détresse humaine d'humoristes de profession servant des intérêts cyniques en oubliant à force de blagues et de canulars le pathétique de leur condition. Ces esclaves modernes du rire ont notre sympathie. Bien souvent victime d'un environnement familial désastreux, ils n'ont su trouver en eux-mêmes les ressources pour échapper à ce destin funeste. Plus grave encore, leur dépendance physique et financière à l'humour est savamment entretenue par leurs " employeurs ".

L'humoriste n'est pas un délinquant, c'est un malade.
C'est pourquoi nous ne doutons pas que notre action trouvera bientôt un large écho chez ces victimes.

Nous savons d'ailleurs que certains, en d'autres lieux, ont choisi d'agir comme nous. Nous tairons leurs noms afin de protéger leur clandestinité. Mais qu'ils sachent que nous avons su reconnaître leur action et qu'ils en sont ici remerciés. D'autres n'attendaient certainement que cet appel pour prendre conscience du mal que leur fait l'humour et agir en conséquence : se joindre à notre action, signer l'appel pour la Journée Nationale Sans Humour et le faire circuler pour que cette initiative bénéficie de l'élan populaire qu'elle mérite, profiter de cette journée d'Action pour prendre du recul vis-à-vis de leur pratique humorisante et essayer de s'abstenir pendant au moins vingt-quatre heures.